Fiches analytiques

Informations sur la décision

Contenu de la décision

Maher c. Canada

T-2906-93

juge Blais

22-4-99

38 p.

Action en recouvrement d'une indemnité contre la Couronne suite à une expropriation par la défenderesse de terrains dont les demandeurs se disent propriétaires-Les demandeurs sont les héritiers légaux, exécuteurs testamentaires et légataires fiduciaires de leur père, Thomas Maher, décédé le 7 mars 1980-Celui-ci, à titre de président et actionnaire, quasi-unique de la Cie d'Immeubles du Lac St-Joseph Ltée, était propriétaire de nombreux terrains et concessions forestières dans le secteur du Lac StJoseph-Le 11 août 1950, la Cie d'Immeubles du Lac St-Joseph Ltée a vendu la plus grande partie de l'ancien chemin de fer à lisses à la Corporation municipale de Shannon, lequel chemin est devenu un chemin public-Le 1er octobre 1957, elle vendait toutes ses concessions forestières restantes et tous ses immeubles à la compagnie Murdock Lumber Ltée-Le 1er septembre 1965, le ministère de la Défense nationale a procédé à l'expropriation de plusieurs lots et concessions forestières du secteur du Lac StJoseph, incluant les concessions de Murdock Lumber Ltée-Suite à son avis d' expropriation, le ministère de la Défense nationale a pris possession, purement et simplement, de l'ancien chemin de fer à lisses qui est en fait le lot 763 ainsi que de l'embranchement relié à ce chemin qui est le lot 858-Il n'a pas été mis en preuve qu'un montant a été versé pour couvrir la partie du chemin faisant l'objet du litige, soit les lots 763 et 858-Les demandeurs ont demandé que le chemin qui avait été préalablement vendu à la Corporation municipale de Shannon leur soit rétrocédé suivant les dispositions des paragraphes 3 et 4 de l'acte de vente du 11 août 1950-Cette cession avait pour objet de ramener le droit de propriété dudit terrain et des lots 763 et 858 du cadastre officiel de la paroisse de Ste-Catherine dans le patrimoine des demandeurs par l'effet successif de la dissolution de la compagnie et du décès du père des demandeurs-Ces derniers ont réclamé de la défenderesse une indemnité juste et raisonnable avec les intérêts prévus suite à l'expropriation dudit terrain-N'ayant reçu aucune nouvelle de la défenderesse, les demandeurs ont intenté la présente action, réclamant la somme totale de 1 123 300 $ en capital et intérêts-C'est le curateur public lui-même qui a pris la décision d'émettre un avis public recherchant les propriétaires des biens délaissés-Il n'a pas administré ces biens délaissés-La prétention de la défenderesse que le curateur public serait devenu propriétaire dudit bien délaissé en date du 15 avril 1993 doit être rejetée-Les demandeurs ont prétendu que si le ministère de la Défense nationale avait le droit de procéder à l'expropriation, les expropriés ont également le droit d'être indemnisés-Par l'effet du droit de propriété qu'une compagnie dissoute détient sur ses biens, ces derniers reviennent à son actionnaire unique, et suite à son décès et suivant les règles de succession, aux demandeurs dans la présente instance-Bien qu'il se soit écoulé plusieurs années depuis ces transactions, il n'en demeure pas moins que les demandeurs auraient eu le droit d'être indemnisés-C'est en raison du refus de la défenderesse de les indemniser conformément à la loi qu'ils ont dû intenter un recours dès 1993 pour obtenir une indemnité juste et valable-La preuve documentaire et la preuve par témoins ont démontré que lorsque le terrain a été vendu à la corporation municipale de Shannon en 1950, il était en bon état et que le père des demandeurs avait dépensé une somme additionelle de 4 000 $ pour améliorer l'assiette du chemin avant qu'il ne soit remis à la municipalité-La preuve quant à la valeur du chemin a été établie d'une façon professionnelle à l'aide de photos aériennes-La défenderesse n'a pas autorisé les demandeurs à accéder audit chemin pour en faire l'expertise avant le 18 novembre 1998, soit environ deux semaines avant le procès-Bien que la valeur du terrain doive être établie au jour de l'expropriation pour qu'on puisse arriver à déterminer la valeur de l'indemnité, il faut également retourner à la date de la vente du terrain par la Cie d'Immeubles du Lac St-Joseph Ltée à la municipalité de Shannon, soit en 1950, avant que les travaux de confection de la route aient été effectués-La Cour a décidé que le montant du coût de construction du chemin établi à 381 747 $ pouvait être ramené à la même somme pour l'année 1950 en y appliquant une dépréciation pour les années d'usage par la municipalité, soit entre 1950 et 1965-Le capital portera intérêt à un taux simple de 5 % par année à partir du 22 octobre 1993 jusqu'au 22 avril 1999, soit une somme totale de 358 758,08 $ représentant la valeur du terrain-Il est reconnu qu'une dépréciation doit être appliquée pour chaque bien-Seule une dépréciation basée sur une détérioration due à l'usage peut être appliquée-Les demandeurs ont démontré qu'ils sont en droit de recevoir une juste indemnité pour l'expropriation des lots 858 et 763 de la paroisse de Ste-Catherine-La Cour a condamné la défenderesse à payer aux demandeurs la somme de 358 758,08 $ plus les frais d'expertise et les intérêts à compter du 22 avril 1999.

 Vous allez être redirigé vers la version la plus récente de la loi, qui peut ne pas être la version considérée au moment où le jugement a été rendu.